Dans une société de plus en plus connectée et numérisée, l’ombre des escroqueries plane de plus en plus sur nos transactions et interactions quotidiennes. L’augmentation inquiétante des plaintes pour escroqueries met en lumière un phénomène aux ramifications nombreuses et aux conséquences parfois dévastatrices. Décryptons ensemble les rouages de ces fraudes modernes et les moyens de s’en prémunir.
Une montée en flèche des escroqueries
Les chiffres sont alarmants : le nombre d’escroqueries et de fraudes aux moyens de paiement enregistrées par les services de police et de gendarmerie nationales a bondi de 250 900 en 2016 à 411 700 l’année dernière, marquant une hausse impressionnante de 64%. Cette escalade, rapportée par le ministère de l’Intérieur, soulève des préoccupations majeures quant à l’efficacité des mesures de prévention et de répression de ces infractions.
Définition et exemples d’escroqueries
Le Code pénal décrit l’escroquerie comme « le fait, soit par l’usage d’un faux nom ou d’une fausse qualité, soit par l’abus d’une qualité vraie, soit par l’emploi de manœuvres frauduleuses, de tromper une personne physique ou morale et de la déterminer ainsi, à son préjudice ou au préjudice d’un tiers, à remettre des fonds, des valeurs ou un bien quelconque, à fournir un service ou à consentir un acte opérant obligation ou décharge » (article 313-1). Par exemple, une personne qui obtient une somme d’argent sous prétexte de l’investir mais qui l’utilise pour son propre profit commet une escroquerie.
L’impact de la pandémie de Covid-19
Contrairement à d’autres infractions comme le trafic de stupéfiants ou les vols de véhicules, l’augmentation des escroqueries ne s’est pas ralentie en 2020 avec l’épidémie de Covid-19. Au contraire, les restrictions de déplacement ont bel et bien favorisé la croissance des escroqueries en ligne. Les conditions imposées par la pandémie ont donc créé un terreau fertile pour les activités frauduleuses sur Internet.
Les catégories les plus vulnérables
Les jeunes adultes et les personnes âgées sont particulièrement affectés. En 2023, les jeunes de 25 à 34 ans représentaient 17% de toutes les victimes d’escroqueries et de fraudes aux moyens de paiement, alors qu’ils constituaient 11% de la population totale. De même, la proportion de personnes de 75 ans et plus parmi les victimes a atteint 11% en 2023, en hausse de 2 points par rapport à 2016.
Proportionnalité entre victimes et infractions
En moyenne, on compte 1,03 victime par escroquerie ou fraude aux moyens de paiement, selon les données du ministère de l’Intérieur. La proportion d’infractions sans victimes et celle d’infractions avec plusieurs victimes restent faibles, à respectivement 1% et 2%.
Un impact financier colossal
En termes de préjudices financiers, les escroqueries et les fraudes aux moyens de paiement ont représenté un montant total évalué à 4,5 milliards d’euros en 2023, contre 2,3 milliards en 2016. Fait troublant, plus des deux tiers de ce préjudice seraient dus aux infractions non déclarées aux autorités.
Les infractions voisines : une situation contrastée
Le nombre d’infractions voisines des escroqueries a également augmenté, passant de 82 500 en 2016 à 92 900 en 2023, soit une hausse de 12,5%. Ces infractions incluent :
- les abus de confiance ;
- les abus de faiblesse ;
- les contrefaçons de monnaie ;
- les faux documents et les usages de faux documents ;
- les filouteries ;
- les fraudes aux titres de transport ;
- les fraudes sociales ;
- les infractions relatives aux chèques (hors contrefaçons).
Parmi ces infractions, l’abus de confiance a connu la plus forte hausse (+46,6%) entre 2016 et 2023, atteignant 52 500 cas.